Accueil > Le Quotidien des Arts > Les frères Bouroullec, la relève

Expositions

Les frères Bouroullec, la relève

Le Design Museum de Londres consacre les deux étoiles montantes du design contemporain, Ronan et Erwan Bouroullec.


Glide sofa, 2001
Design : Ronan et Erwan Bouroullec
Edité par Cappellini
© Design Museum, Londres
Longtemps dominé par la figure de Philippe Starck, le design français connaît aujourd’hui l’émergence de deux nouveaux talents, frères nés en Bretagne dans les années 1970. Le tandem Bouroullec se forme en 1998, lorsque Ronan, alors designer, fraîchement sorti de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, est sollicité par l’industriel Cappellini pour la fabrication et la diffusion de ses premières créations et la commande de nouvelles pièces. Devant cet afflux soudain de travail, Erwan, qui vient de quitter l’école d’art parisienne où il était étudiant, s’impose comme le collaborateur idéal à son frère. Après deux années de travail commun, ils entreprennent en l’an 2000, de signer individuellement leurs pièces. Conscients de la difficulté et de la vanité de cette tentative de départager l’apport de l’un et de l’autre dans chacune de leurs créations, l’initiative est vite abandonnée. Les deux frères sont, certes, parfois en désaccord mais ces différends et la confrontation de leurs points de vue, sont devenus le moteur d'un processus créateur. Ils constituent de réels stimuli.


Lit clos, 2000
Design : Erwan Bouroullec
Edité par Cappellini
© Design Museum, Londres
La rétrospective que consacre le Design Museum de Londres à leur très jeune carrière va des premières pièces de Ronan jusqu’aux dernières réalisations du duo. Ces quatre années de création sont parcourues par une même vision du design : laisser un rôle à l’utilisateur, chacun pouvant compléter ou modeler les créations à sa convenance, des vases combinatoires de 1997 aux étagères alvéolaires de 2001, en passant par la cuisine modulaire. La mobilité est un autre trait récurrent, caractéristique de ce design qui sait s’adapter au nomadisme ambiant. C’est le même souci de prendre en compte les nouvelles données des modes de vie actuels qui incite Erwan à créer le lit clos. Cette unité mi-close surélevée propose une réinterprétation du mobilier traditionnel breton et restitue une intimité qui peut faire défaut dans les habitats contemporains, parfois composés d’une seule et même pièce. Glide sofa relève de cette même alliance d’un matériau léger et d’une ligne aérienne à une forme modulable. Après avoir réalisé des luminaires et des céramiques pour Cappellini, des vases pour la firme allemande Authentics et des bijoux pour SMAK, une collection éditée par l'anglais Michael Young, les designers reçoivent des commandes d’autres industriels européens tels que Habitat, Ligne Roset, Domeaux et Pères en France ou encore Littala en Finlande. De grands couturiers font également appel à eux. Ainsi dessinent-ils le mobilier de l’une des boutiques APOC (A Piece of Clothe) d’Issey Miyake et du bureau d’Hedi Slimane, styliste de la ligne Homme de Dior. A noter que le Palais de Tokyo, nouvelle plateforme pour la création contemporaine, présente depuis son ouverture leur parapluie sonore. Cette rétrospective confirme le succès des frères Bouroullec, révélateur de la vitalité retrouvée de la création française tant dans les domaines du design et de la mode que dans ceux de l’architecture et de la musique.


 Raphaëlle Stopin
04.03.2002