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Musées

Vue extérieure du Leopold Museum
© Photo: Rupert Steiner


L'atrium du Leopold Museum
© Photo: Rupert Steiner


Le Leopold Museum, un temple pour l'Art nouveau

C'est au cœur du Museumsquartier de Vienne que le grand projet du collectionneur Rudolf Leopold voit enfin le jour.

Difficile de présenter le nouveau musée viennois sans commencer par son créateur, ancien docteur en médecine né en 1925, Rudolf Leopold. Dès la fin de ses études, le jeune homme suit des cours d’histoire de l’art et investit ses premiers schillings dans l’achat d’œuvres. C’est ainsi qu’il découvre Egon Schiele. Si cette expression semble aujourd’hui naïve, elle avait toute sa force dans les années 1950. La plupart des experts d’alors le considéraient comme une célébrité locale, voire comme un artiste pornographique, un esprit dégénéré. Depuis lors, la réputation de Leopold est intimement liée à celui qu’il a fait « redécouvrir » en organisant des expositions internationales, en rédigeant un ouvrage de référence et ou créant la Fondation Leopold Museum en 1994 avec l’aide de la Banque nationale autrichienne. Dernière étape de ce parcours à succès, l’ouverture aujourd’hui du Musée Léopold.

Dernière étape mais aussi apogée car selon toutes les prévisions, le Musée Leopold devrait être le « clou » du Museumsquartier de Vienne. Avec ses quelque 5000 peintures et dessins, la plus grande collection au monde de Schiele et les chefs-d’œuvre de Klimt, Kokoschka, Gerstl, Böckel ou Kubin, il devrait attirer un très grand nombre de touristes de passage dans la capitale autrichienne. Tout, d’ailleurs, a été prévu pour les accueillir dans les meilleures conditions, les architectes Ortner et Ortner ayant opté pour des espaces d’accueil vastes et une atmosphère de calme propice à la contemplation. D’où le choix de lignes pures, de parois intérieures et extérieures en calcaire beige rosé du Danube...

Pourtant Rudolf Leopold n’est pas de ceux qui s’effacent discrètement. Rien à voir avec le donateur qui offrait l’an passé ses œuvres au Musée d’Orsay à condition de demeurer anonyme. Le musée ne porte pas seulement son nom. D’abord, et avant tout, ce sont les œuvres que le mécène a réunies pendant plus de cinquante ans que l’on admire et toutes portent la marque de ses passions et de ses découvertes. De plus, Leopold s'est fait nommé directeur. Il a participé aux choix architecturaux et muséographiques. Dans une interview à la radio autrichienne ORF, il ne cache d’ailleurs pas sa tristesse quant à l’élaboration d’un bâtiment sur cinq niveaux. Lui qui rêvait d’une nouvelle fondation Beyeler, baignant chacun des tableaux de lumière naturelle a dû se résigner par manque de surface au sol. Seules ses œuvres favorites, au dernier étage, en bénéficient grâce à de larges baies vitrées. Dernier signe de cette douce mégalomanie, on chuchote à Vienne qu’il s'y serait réservé un emplacement pour ses cendres.


 Zoé Blumenfeld
22.09.2001